La religion populaire

Publié le par Marie-Pierre et Jean CANTIN

 
Depuis le début du mois de février, tous les vendredis, nous suivons une formation sur différentes réalités de la vie mauricienne. Nous avons abordé différents sujets comme l’économie, la politique, l’histoire de l’Eglise avant et après l’indépendance, le monde musulman et hindou… Aussi, vendredi dernier, nous avons eu une formation sur la religion populaire et la religion de la nuit. Religions bien implantés à Maurice.
 
Ces deux religions sont, en fait, intimement liées, et ne sont que deux versants différents de la même religion. Le principe de la religion populaire est de considérer notre vie sur un fil séparant le bien du mal. L’homme est constamment sous influence des forces du bien et du mal, sous l’influence d’esprits. Ainsi, l’homme devra tout au long de sa vie se protéger des mauvais esprits en invoquant des bons esprits ou le bondié (Dieu en créole).
Tout ce qui nous arrive (et en particulier le mal et les souffrances) ne peut pas provenir de nous mais cela provient forcément des esprits.
 
Ainsi la vie (de la naissance à la mort) d’un de ces croyants est ponctuée de plusieurs passages qui permettent la protection des mauvais esprits : le baptême, la première communion, éventuellement le mariage puis la mort. Les rites suivant un décès sont d’une grande importance car, le corps est bien mort mais l’âme (le nam en créole) est toujours bien vivante et il faut la chasser de la maison. Sinon, elle pourrait jeter des sorts.
Mais il y aussi une multitude de rites à faire au cours de l’année pour recevoir la protection des bons esprits. Il faut faire le carême : recevoir les cendres (la poudre magique), faire les 40h (adoration du Saint Sacrement qui durait à l’origine 40h) c’est à dire passer dans une Eglise et déposer une bougie, et faire les « 14 Eglises » (aller dans 14 Eglises dans une journée). A noter que tous les 40 heures n’ont pas la même valeur : les 40 heures de l’Eglise du Saint Esprit qui se trouve dans le village de Bel Air a une très grande valeur. En effet, au même endroit se trouve un esprit qui est « saint » et un bel air. Les deux noms ensemble ne peuvent qu’apporter beaucoup de grâces et de protections. Le saint-esprit de Bel air est surtout invoqué pour faire justice.
Pour obtenir une grâce de Dieu ou une protection, il y a la possibilité d’implorer les saints et de toucher la statue d’où l’impératif de se déplacer dans toute l’île pour voir la statue. Dans les saints, il y a des généralistes (Père Laval ; sainte Odile, sainte Anne…) et des spécialistes (Notre Dame de la délivrance pour les femmes qui veulent avoir un enfant ; Notre Dame du grand pouvoir ; saint Antoine de Padoue pour avoir du pain…).
 
Toutes ces pratiques religieuses, où les croyants utilisent les rites catholiques pour recevoir protection et grâce, sont symétriques du côté opposé, avec les sorciers pour guérir du mal ou jeter un sort sur quelqu’un. Pour résoudre un problème, il faut invoquer un saint (intermédiaire entre nous et Bondié) pour que l’autre retrouve la raison ; sinon, il faut aller voir le traiteur pour jeter un sort à celui qui nous a fait du tort, de même, en cas de maladie. Il y a une différence entre les maladies, certaines sont considérées comme naturelles et peuvent être soignées par un médecin (même si en premier lieu on ira chercher une bénédiction) et d’autres sont forcément liée à un mauvais esprit qui est entré dans notre corps. Pour guérir, il faut avoir une bénédiction par un prêtre mais; si ce n’est pas suffisant, il faut aller voir un traiteur. Avec les traiteurs, nous serons forcément guérit car si le premier n’a pas réussi, il faut aller voir un second plus puissant : il y a une hiérarchie dans le pouvoir. A la fin de la séance, il ne faut pas oublier de payer en liquide et une somme importante (de toute façon, plus c’est cher, plus c’est efficace).
 
Enfin, cette religion est assez obscure car les croyants (nombreux) n’en parlent pas. Ils sont hindous, catholiques et ont inculturés les différents rites catholiques pour pratiquer cette religion. Ils n’ont pas non plus forcément conscience que ce n’est pas la religion catholique qu’il pratique. Mais, cette religion ne permet pas un épanouissement personnel étant donné que chaque personne doit assurée sa protection pour ne pas que des esprits mauvais viennent l’embêter.
 
Cette découverte nous a permis de prendre conscience qu’en France il y a également une religion populaire mais qui est moins inculturée par les rites catholiques du fait de la perte de vitesse de la religion catholique. Cette découverte nous amène à approfondir notre Foi.
 

 

Publié dans La vie Mauricienne

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